Adopte-moi, je ne mords presque pas [Luzvae & Diana]

Cela faisait de nombreux jours que Luzvae était dans cette ville, errant dans les rues et vivant au jour le jour. Lors des nuits où la pénombre régnait en maître, il trouvait refuge dans des campements de fortunes des sans domiciles fixes. La plupart le nommaient luciole, en raison du fait qu'il était luminescent, mais certains l'appelait étoile, ce qu'il semblait préférer. Les SDF l'avaient guidé pour lui faire comprendre où il pourrait trouver de la nourriture, soit dans les poubelles, surtout celles des restaurants.

C'était ainsi que Luzvae s'était retrouvé la tête la première dans un conteneur de poubelle d'un fast food. Il avait fait attention à bien l'ouvrir pour éviter de se retrouver dans le noir et ainsi pouvoir s'éclairer de la lumière de cette après-midi. Ses jambes bataillaient dans le vide à l'extérieur. Ce n'était pas parce qu'il avait un problème d'équilibre, mais bien par simple envie de sa part. Il n'était, de toute façon, pas connu pour être discret.

Il fouillait de ses mains les détritus qui lui faisait face étaient des plus douteux, pourtant, Luzvae n'était pas méfiant. En effet, ce dernier, apportait de temps en temps quelque chose à sa bouche, goûtant sans plus de délicatesse. Des fois, une grimace prenait place sur ses traits, preuves que ce qu'il venait de manger n'était pas de son goût, à moins que ce fut le contraire ?

Luzvae trouvait ce jeu de découverte très amusant. Ce qui n'était pas le cas d'un groupe de jeune qui passait dans les parages. Les jeunes l'avaient regardé comme s'il était une maladie incurable et d'un commun accord avaient décidé de s'approcher de lui. En un temps éclair, l'adolescent s'était retrouvé basculer dans la poubelle dans un cri de surprise. Il n'avait pas eu le temps de se retourner que la poubelle s'était refermé sur lui.

Le pauvre avait couiné de peur, s'illuminant bien vite à cause de la pénombre. Luzvae ne comprenait pas ce qui se passait, imaginant que les conteneurs à poubelles pouvaient être vivant et qu'il venait tout simplement de se faire manger tout cru. Cependant, son imagination avait été ranger quand il avait entendu des rires de l'autre côté. C'était quelqu'un ou plusieurs personnes qui l'avait mis dedans. Mais il ne comprenait pas pourquoi. Luzvae avait essayé d'ouvrir le couvercle, mais sans réussite, quelque chose de lourd semblait l'empêcher d'en sortir.

Un flash lui était venu en tête, il était coincé dans une boite. Un souvenir fugace d'une vie précédente, quoique c'était plus une sensation de déjà vu. C'était désagréable, cela lui faisait peur. Luzvae s'était mit à taper contre la poubelle sans discontinuer. Il se faisait mal, mais il ne s'arrêtait pas. On dirait un animal, capable de se ronger les pattes pour s'enfuir.

Luzvae était enfermé, coincé dans un cauchemar dont il ne voyait pas la fin. Pris dans sa panique, il ne se concentrait pas sur ce qui pouvait bien se passer à l'extérieur de son actuelle prison. Si la pénombre n'aurait pas eu le loisir d'engloutir l'intérieur du conteneur, il aurait pu manipuler la gravité pour la faire basculer sur le côté. Cependant, sa phobie limitait son actuelle utilisation.

Il avait l'impression de suffoquer, chose impossible pour lui puisque ses poumons pouvaient s'adapter à tout environnement. Cette impression était parce qu'il commençait à hyperventiler. Son déjà-vu revenait en grande enjambée. La boite n'était pas un conteneur, c'était plus petit et il s'était sentit à l'étroit dedans. Luzvae ne comprenait pas ce qui avait bien pu lui arriver, ayant du mal à voir des images du passés, n'ayant le droit qu'à des sensations variés. De plus poser de véritable mot n'était pas chose aisée en raison de son peu de vocabulaire.

Ses coups sur la paroi qui lui faisaient face s'étaient transformé en des coups de griffure. Ses ongles saignaient, s'arrachant petit à petit de ses doigts et tâchant de sang son habitacle forcé. La douleur lui fit comprendre qu'il avait aussi fait ça dans cette boite de bois. Et cela ne l'avait pas arrêté, couinant de plus belle.

Soudainement, le couvercle s'était ouvert, apportant de la lumière salvatrice dans le conteneur. Luzvae s'était immédiatement arrêté, figé par cette nouvelle situation. Il avait levé ses yeux, dont les larmes de rages et de peurs avaient commencées à naître, vers l'inconnue qui s'y trouvait. La dame tentait de le rassurer, lui proposant de l'aide pour sortir du conteneur. Ce dernier avait bondis de sa prison, sans autre forme de procès, manquant de percuter sa sauveuse. Le résultat fut très peu concluant, il s'était ramassé par terre car ses pieds s'étaient emmêler avec des détritus, glissant le long du conteneur et finissant la tête par terre. Il avait retrouvé le bon sens en une roulade, finissant sur le dos. Il avait regardé la femme, avant d'éclater de rire.


Étant en plein jour, il s'était arrêté de s'illuminer, ce qui permettait ainsi de mieux le voir. Ses vêtements, composés d'un jean troué et d'un sweat foncé, n'étaient pas à sa taille ainsi qu'assez sale. Ses pieds étaient dénués de la moindre chaussure et dont l'état prouvait qu'il ne les avait pas récemment perdus. Ses mains couvertes de crasses pouvaient alarmer surtout l'état de ses ongles, cependant preuve était de constater qu'ils se reconstruisaient dans une rapidité exemplaire. Son visage, dont la bouille était des plus adorables, étaient lui aussi porteur de crasse. Ses cheveux étaient tout aussi sales, ternissant le gris de sa teinture dont il ignorait l'existence, croyant que c'était ses vrais cheveux. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que l'adolescent n'avait pas pris une douche depuis des lustres, à juste titre car Luzvae ne savait pas ce que c'était.

L'étrange gamin avait fait une roulade sur le côté pour se mettre à quatre pattes et ensuite se relever. Une fois debout, il avait regardé avec une curiosité les jeunes qui l'avaient enfermés dans le conteneur, à présent hors d'état. Il ne savait pas le pourquoi d'un tel geste ni ce que cela pouvait bien signifier. Mais en tout cas, Luzvae avait eu très peur et il n'avait pas du tout aimer. Tel un enfant de cinq ans, il avait fortement tiré la langue dans leur direction, montrant son immaturité.


Luzvae avait croisé les bras d'un air boudeur, avant de se souvenir de la présence de sa sauveuse dont il ignorait l'identité. Tout malpolis qu'il était, ou plutôt ignorant l'existence des formes de politesse, il ne l'avait pas remercié ou encore moins décliner son identité. Il s'était approché de façon pas très discrète, observant avec curiosité ce qu'elle portait sur le nez et qui entourait ses yeux. Il avait apporté sa main gauche dans sa direction, espérant pouvoir les lui piquer.

Plus tôt, sa sauveuse lui avait demandé s'il n'avait rien de cassé, lors de sa chute. Mais le gamin n'avait rien répondu, que cela soit par simple envie de l'ignorer ou parce qu'il ne l'avait pas entendu. Les deux hypothèses pouvaient s'appliquer avec Luzvae, tellement, il était difficile de savoir comment agir avec lui. En tout cas, il ne semblait pas souffrir de la moindre blessure, d'ailleurs, ses ongles ne portaient déjà plus la moindre trace de sa lutte contre le conteneur qui l'avait avalé.

Le comportement de l'adolescent vis-à-vis des jeunes, soit en tirant la langue, avait fait sourire l'inconnue. Luzvae avait très bien vu son sourire, une fois son attention tournée vers cette dernière. Cependant, il ne savait pas comment interpréter ce sourire, après tout, un sourire pouvait tout dire. Gentillesse, méchanceté, amusement... Mais bon, pour le gamin étrange qu'il était, tous les sourires se ressemblaient, alors il ne se risquait pas à essayer de lui trouver une signification.

Il n'était plus dans le noir comme l'avait souligné la demoiselle, ce qui était une sacrée bonne chose aux yeux du garçon qui y semblait complètement allergique. La curiosité de Luzvae sur ce qu'elle portait sur le nez semblait être accepté. En effet, elle lui avait expliqué que c'était des lunettes de vue. Deux hypothèses s'étaient faites dans son esprit, soit sans les lunettes, elle devenait invisible soit elle ne pouvait plus le voir. Pour voir laquelle était vrai, Luzvae avait pris les lunettes sans plus de cérémonie.


Il avait penché la tête sur le côté, avant d'être alerté par un bruit venant de derrière lui. Il avait tourné le visage en direction d'un des jeunes qui s'était redressé le plus discrètement possible. Luzvae lui avait adressé un grand sourire, déclarant avec une joie non feinte.


À peine avait-il finis sa phrase que le jeune avait vue sa gravité se changer, ses pieds ne touchant plus le sol. La montée était rapide et il avait juste eu le temps de s'accrocher à la devanture du fast food. Il avait peur et n'était pas du tout rassuré, encore moins quand Luzvae avait naturellement déclaré.


En plein dans son délire dont il ne pensait aucun mal, il avait jeté les lunettes à terre pour mimer l'écrasement. Ces dernières n'avaient pas touché le sol, rattraper au dernier moment par sa manipulation de la gravité qu'il les avait fait ramener dans sa main.